Cécile SCOTTO remporte son défi ultra distance : la Sea to Peak

De la Pointe de Corsen à Plouarzel. Journée pluvieuse avec un départ roulant puis beaucoup moins dans les Monts d’Arrée. Mon stabilisateur de sacoche/porte bidon arrière en alu casse et passe dans ma roue en pleine descente. La valve est tordue mais rien ne fuit (surtout ne rien toucher). Arrivée à Quimperlé, bon ravito et courte nuit dans les lavabos du camping.

Départ pour la suite de la Bretagne, singles très sympas dans les ajoncs et rochers. Arrivée à Rochefort-en-Terre et courte nuit de nouveau dans les lavabos du camping. Après 400 km, je vois que rester 15h par jour sur le vélo a des conséquences… La selle me fait un mal de chien, mes genoux et mes tendons d’Achille me font mal à chaque coup de pédale, je dois réguler mon pédalage.

Je pars bien après mon binôme et me demande si je vais pouvoir continuer, je n’ai pas dormi de la nuit avec mes douleurs. Je réfléchis, finis par repartir à 8h et rattraper mes collègues. Check-point à Blain où je fais changer ma valve tordue et donner un sérieux coup de nettoyage à la transmission qui est déjà dans un sale état. Singles en forêts et plateaux très joueurs. Arrêt à Nantes, bivouac dans la banlieue sous le porche d’un stade de foot.

En montée et en descente puis partie roulante et arrêt à Thouars dans un camping. J’ai toujours beaucoup de douleurs, je régule chaque mouvement. Mes chevilles sont très enflées.

Je suis les conseils de mon binôme depuis le départ (Romain) et je fais changer mon plateau du 32 par un 28 dents (je n’ai jamais eu si peu !). L’équipe de la Cyclerie Café (checkpoint officiel) contrôle mon branchement dynamo – je n’ai plus de charge USB depuis 2 jours : le chargeur est mort… Il va falloir trouver de quoi charger ma petite batterie de 5000mAH régulièrement… Philippe me conseille de bouger mes cales tout de suite si je ne veux pas risquer une rupture du tendon d’Achille. Je passe une bonne demi-heure à tout modifier (mes chaussures ont 4 ans, pas si facile de bouger les cales…) On repart et on avance dans le roulant Poitou et à Montmorillon c’est la douche froide, mon binôme est KO (tendinite au tendon d’Achille aussi mais il n’arrive plus à pédaler). Il est 19h, je continue 40 km pour arriver au Dorat. Courte nuit dans une douche pour personne en situation de handicap avec prise électrique !

Journée très éprouvante autour du lac de Saint-Pardoux, sur les traces de la Granit Montana et au-dessus du lac de Vassivière. Je pense qu’on a dû faire toutes les pires côtes pleines de cailloux du Limousin (même celles immontables qui longent la route). A 20h je suis rincée, très mal aux tendons et genoux. Je m’installe au camping sous un grand tivoli.

Moins dur qu’hier mais un gros D+, j’arrive comme souvent à la nuit au lac du Chambon, ravito sur place au bord du lac et nuit sous un toit de salle communale.

Journée longue et difficile sur la fin avec pas mal de portage avant et après le Plomb du Cantal (un conseil : à faire plutôt à pieds). Je pousse le plus possible vers le checkpoint mais à 22h30, je n’en peux plus. Je décide de m’arrêter à 7 km du checkpoint (et du camping), je m’installe le long d’un fossé en pleine forêt, je ne suis pas bien rassurée dans mon duvet… A 23h30 un concurrent passe à ma hauteur, m’annonce que des orages arrivent et que je devrais m’en aller. Il m’attend le temps que je range tout et on arrive à 00h30 au checkpoint puis au camping où je dors dans un local à frigo, au sec. 10 min plus tard il pleut et dans la nuit, on essuiera un gros orage avec grêle…

Je traîne pour laisser passer les grosses averses et repart sur les sentiers. On se dirige vers l’Aubrac : magnifiques paysages à perte de vue. Surement ma plus grande découverte sur ce tracé. Les singles techniques s’enchaînent, quelques portages. Le temps se gâte, il ne fait plus que 8°C et loin de tout, je prends la pluie pendant 1h sans discontinuer. J’ai froid, il est presque 21h et je ne pense qu’à une chose : trouver un lieu où m’abriter. Je descends enfin dans un hameau, un agriculteur range son tracteur. Je lui demande si je peux m’abriter dans sa grange, il accepte. Il m’offrira aussi une douche chaude et un repas chaud ainsi que de belles discussions. Il mettra même son réveil à 5h30 pour me faire un café le lendemain… Ce moment m’a vraiment permis de bien repartir.

Étape difficile vers le Mont Gerbier de Jonc avec beaucoup de portages dans les cailloux, la journée est fraîche il n’a pas fait plus de 12 degrés en journée. Ravito en fin de journée à Fay sur Lignon, quelques kms encore difficiles puis la Dolce Via : un bonheur. De la piste cyclable qui descend sur 50 km…Je m’arrête au camping de Saint-Martin à 22h après une bonne rincée, le gérant très intéressé par notre périple m’offre la nuit dans une tente équipée avec un lit, des prises, un micro-onde… Le top.

Roulant sur le départ, puis on prend différents passages hard des Chemins du Soleil. Pas très longtemps heureusement. On monte dans la Drôme et je m’arrête un long moment à Die pour faire des provisions de nourriture pour presque 2 jours. En effet, je ne trouverai aucun commerce sur les 200 kms suivants qui s’annoncent être les plus difficiles jusqu’à Embrun. Chargée comme une mule, je passe Luc en Diois en soirée puis je monte jusqu’au petit hameau de Boulc. Je dormirais sur une terrasse encombrée, dans un petit jardinet. Le temps est frais (6 degrés) mais le duvet fait très bien le job.

De magnifiques paysages mais je pense avoir passé plus de 4h à porter mon vélo bien chargé sur les petits sentiers des montagnes du Buëch en plein soleil. Ici je mets 8h30 à faire 50km…Lorsque j’atteins la balade ombragée des canaux de Gap c’est un soulagement. Néanmoins, je remonte dans les montagnes sauvages en fin de journée et je me retrouve à flanc de falaise à presque 21h, à pousser tant bien que mal mon vélo. Heureusement pour moi, la descente de nuit se fera sur une large piste, puis sur un single bien plus bas jusqu’à Saint-Apollinaire où je m’installe à 22h sous un préau de mairie.

Avec deux fois 1700m à monter d’une seule traite, mais montable sur le vélo, la journée est plus simple à aborder moralement. A midi je suis quasiment en haut de Risoul (2600m) et on m’annonce des orages pour la suite…Je repars rapidement et m’attaque à la dernière grosse montée jusqu’à Saint-Véran, plus haute commune habitée d’Europe, ou m’accueilleront plusieurs participants arrivés peu avant.